Groupe des Experts Nationaux (version française)
La GEN ou Groupe des Experts Nationaux a tenu une conférence de presse sur la situation des éléctions communales du 31 juillet prochain.
Voici leur déclaration :
Voici leur déclaration :
Groupe des
Experts Nationaux (GEN)
Rue Rajakoba Augustin Ankadivato Antananarivo
E-mail : mrcabram@moov.mg
Tél : 22 663 99 Fax : 22 663 59
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N/Réf. : GEN-161.04.15/MR/rh
Madagascar à la dérive : pour une résolution
nationale urgente
Introduction
Madagascar est miné par des difficultés
multiformes : insécurité, corruption, chômage, accès insuffisant à l’eau
potable, délestage, non accès à l’éducation, mauvaise gestion de nos ressources
naturelles, trafics illicites, problèmes de logements, insuffisance des
infrastructures.
Grèves dans l’enseignement supérieur, dans
l’administration, manifestations de mécontentement sous des formes diverses,
non ramassage des ordures ménagères dans les villes.
Désordre : c’est le mot qui s’impose quand on
pense à la Jirama, à Air Madagascar, à l’Adema, ces sociétés d’Etat qui avaient
pourtant pour vocation d’être les fleurons du pays.
Tous ces problèmes affectent le quotidien des
Malgaches.
Seize mois après son accession au pouvoir, le régime
actuel n’a enregistré que de faibles avancées : il se heurte aujourd’hui
au manque de fonds et à la perte de confiance des citoyens.
Elections
communales
Les prochaines élections communales sont des élections
de proximité. Elles sont de ce fait très importantes, dans la mesure où elles
conditionnent la légitimité des élus. La capacité de ces derniers à résoudre
concrètement les problèmes à la base, c’est-à-dire depuis les fokontany,
conditionne leur crédibilité. Les résultats des votes aux élections ultérieures
(notamment présidentielles et législatives) seront fonction des réalisations
des élus à la base.
On peut dire que le renforcement de la démocratie
passe par les communales.
La Présidente de la CENIT ayant démissionné de ses
fonctions pour devenir membre du Gouvernement, il y a lieu d’en référer à
l’article 42 de la loi n° 2012 -004 :
« En cas
d’empêchement définitif ou de vacance du poste de Président, le Vice-président
le plus âgé le remplace provisoirement dans ses fonctions.
« Il est pourvu au poste vacant
conformément aux dispositions des articles 39 et 40 dans les trente (30) jours
qui suivent la constatation de la vacance.
« Il
n’est procédé à aucun remplacement si la vacance intervient dans les quatre-vingt-dix
(90) jours précédant la fin du mandat de la commission ».
L’article 57 la loi n°2012 – 004 fixant
l’organisation, le fonctionnement et les attributions de la Commission
Electorale Nationale Indépendante pour la Transition (CENIT) stipule : Le
mandat des membres des démembrements territoriaux de la CENIT prend fin au
terme de la période de Transition.
La période de Transition ayant pris fin avec
l’élection du Président de la République et l’élection des députés, les membres
de ces démembrements territoriaux ne devraient donc plus assurer les prochaines
élections communales.
Le non-respect de ces dispositions de la loi risque de
conduire à une annulation du vote sur tout le territoire national.
D’après les textes il revient à la CENIT d’assurer la
transparence du financement du processus, ainsi que la redevabilité des
responsables vis-à-vis du citoyen électeur.
Autres
faits significatifs
Jusqu’à présent la mauvaise
organisation de ces élections communales a été flagrante.
L’art 12 du décret 2014-1929 du 23
décembre 2014 fixant les modalités d’application de certaines disposition de la
loi n° 2014-021 du 12 septembre 2014 relative à la représentation de l’Etat,
stipule qu’avant d’entrer en fonction les représentants de l’Etat (préfets) doivent
prêter serment devant la juridiction compétente
La loi 2014-020 du 27 septembre 2014 relative aux
ressources des Collectivités Territoriales Décentralisées, aux modalités
d’élections, ainsi qu’à l’organisation, aux fonctionnements et aux attributions
de leurs organes, en son article 31O,
attribue au préfet la compétence pour déterminer le nombre de membres du
Conseil municipal. Alors que le début du dépôt des candidatures a été fixé au 8
avril, les préfets n’ont été nommés que le 15 avril.
Les préfets nouvellement nommés ont-ils prêté serment
avant de publier l’arrêté fixant le nombre de conseillers communaux ?
Pour des élections municipales
chaque candidat d’une liste doit payer 200.000 Ariary de contribution à la
confection de l’état 211 bis relatif à la déclaration d’impôt. En d’autres
termes, dans une commune qui aura 8 conseillers, la somme à acquitter pour la
liste sera de 2,2 millions d’Ariary. Est-ce acceptable ?
Mise en
place effective des institutions de la IVème République
Dans la mesure où seulement deux institutions ont été
mises en place après 16 mois, cette lenteur porte atteinte à la crédibilité du
pays.
En effet, les différentes structures inscrites dans la
Constitution de la 4eme République servent de balise à toute dérive non démocratique et à la consolidation
de la bonne gouvernance.
Différentes lois ont été promulguées, les décrets
d’applications y afférents devront être publiés incessamment pour l’effectivité de ces structures de
consolidation de la 4eme République :
-Loi n° 2014-007 du 22-07-2014 relative à la
Commission Nationale Indépendante des
Droits de l’Homme.
La structure a pour rôle d’interpeller l’Exécutif et
ses démembrements sur les situations de violation des droits humains dans tout le pays, de prendre toute initiative tendant à y mettre fin
et, le cas échéant, émettre un avis sur les positions et réactions des
autorités concernées.
-Loi n° 2015-001 du 19-01-2015 relative au
Haut Conseil pour la Défense de la Démocratie et de l’Etat de Droit.
Cette structure est capitale pour la perception de
l’état de droit, pour éviter d’éventuelles dérives portant atteinte aux
principes démocratiques, pour l’observation de l’éthique du pouvoir, de la
démocratie et du respect de l’Etat.
-Le Haut Conseil pour la Défense Nationale est
institué par l’article 56 de la Constitution.
Il veille à la coordination des actions confiées aux
Forces Armées afin de préserver la paix sociale.
-Inspection Générale de la Justice :
Instituée par l’article 112 de la Constitution, elle
est chargée de contrôler le respect des règles déontologiques particulières aux
Magistrats, ainsi que des agissements du personnel de la Justice. Parmi ses
membres, un représentant Haut Conseil pour la Défense de la Démocratie et de
l’Etat de Droit.
-Conseil Economique, Social et Culturel
Institué par l’article 105 de la Constitution
Il est impératif pour l’Exécutif de rendre opérationnelles ces
différentes institutions prévues dans la
Constitution qui veillent au respect de la bonne gouvernance dans un cadre
démocratique avec le respect des droits
fondamentaux humains décrits dans les instruments nationaux, régionaux et
internationaux.
La société civile
socle de la bonne gouvernance et de la démocratie contribuera à la mise
en place de ces institutions et organes
indépendants.
Vers la
reconstruction du pays
Un Plan National de Développement (PND) a été adopté
et un atelier pour la mise en œuvre de ce Plan a vu la semaine dernière la
participation de représentants de différentes catégories de la population.
Le PND doit garantir un développement cohérent,
soucieux de la croissance de toutes les régions du pays et d’une répartition
équitable des revenus pour l’ensemble de la population.
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Résolutions
urgentes :
*Nomination du président de la CENIT suivant l’article
42 de la loi n° 2012 – 004 ;
*Amendement de l’article 57 de la loi n° 2012 –
004 ;
*Mise en place effective des institutions de la IVème
République ;
*Prestation de serment des préfets en vue de la
régularisation des actes signés ;
*Organisation de séances d’information sur le PND avec
les Acteurs Non Etatiques ;
*Transparence sur les objectifs du Gouvernement et les
réalisations pendant 100 jours.
Opposition :
statut
La loi n°2011-013 portant statut de l’opposition et
des partis de l’opposition a été adoptée le 9 septembre 2011. C’est dans le
souci de voir s’instaurer la démocratie à Madagascar que le GEN estime, une
fois de plus, devoir rappeler que la Constitution actuelle garantit le droit
d’opposition démocratique.
Citons les articles
2, 3, 5 et 8 de cette loi :
Art. 2 - Est d’opposition au sens
de la présente loi, tout parti légalement constitué ou groupe politique et qui
développe pour l’essentiel des positions et des opinions différentes de celles
du Gouvernement.
L’appartenance à
l’opposition doit faire l’objet d’une déclaration officielle et publique et
doit
être enregistrée au
Ministère de l’Intérieur.
Art.3 -Tout parti de
l’opposition reconnu par cette loi, comme tout parti politique, dispose d’un
programme fondamental fixant son idéologie, d’un plan d’action régissant ses
activités dans le cadre de la réalisation des décisions de son dernier congrès.
Art.5 – L’opposition est dirigée par un Chef de l’opposition officiel. A ce
titre, il dispose d’un cabinet comprenant un Directeur de cabinet, quatre
conseillers et un Secrétaire particulier.
Art.8 – Le fonctionnement de l’Institution
d’opposition sera pris en charge par le budget de l’Etat.
Le Gouvernement actuel s’étant doté du Programme
National de Développement (PND), le parti ou le groupe de partis se réclamant
de l’opposition doit se situer par rapport à ce PND dans sa déclaration au
Ministère de l’Intérieur.
Antananarivo, le 21 avril 2015.
Madeleine
Ramaholimihaso, Hery Rakotomanana, Bruno Rakotoarison, Charles
Rakotonirina, Jean de Dieu Raveloson, Zafimandimby.
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